top of page

Antonin, l'esprit de famille


Antonin Brunon

C’est son équipe qui a développé les pages sur lesquelles vous naviguez en ce moment. Antonin Brunon, co-fondateur de Studio GD (Pantin) connaît bien les coulisses du nouveau site d’Instinct Collectif. Il est parfaitement à l’aise entre les lignes de code, mais pour autant il n’a rien du geek solitaire : dès la fin de ses études, il a voulu construire une équipe autour de lui. Très attaché aux racines, à une histoire commune, Antonin transpose dans son univers professionnel l’esprit de famille qui le caractérise dans le privé.


De la tranquillité à l’aventure


Quand on a interviewé Antonin, l’Inde brûlait ses morts, ravagée par la seconde vague Covid. C’est ainsi que nous en sommes venues à poser à Antonin cette première question totalement imprévue – et qui peut ressembler à une embuscade : « S’il restait une décennie pour sauver l’humanité, tu ferais quoi ? Tu continuerais Studio GD ? »


Le jeune homme n’a pas éludé, il a pris le temps d’y réfléchir. « Oui. Il faut bien continuer à vivre. » La première impression que dégage Antonin, c’est une grande stabilité. Un ancrage solide, une boussole dans la main et un calme que l’on imagine difficile à faire tomber.


Lorsqu’on laisse l’Inde de côté pour aborder son propre parcours, c’est ce qui affleure immédiatement : la famille pour pilier. Ses parents d’abord, sa femme et ses deux enfants désormais.


Antonin raconte une enfance heureuse et protégée, la sécurité, l’appui des siens. Il s’en montre particulièrement reconnaissant : « Je viens de Coubron, un îlot campagnard en plein dans le 93. C’est la classe moyenne, pas de riches ni de pauvres : la vie de banlieusard dans le bon sens du terme. Tu marches 5 min, tu es dans la forêt. Je n’ai connu aucun des problèmes qu’on associe traditionnellement à la Seine Saint-Denis. C’était une vie tranquille. Mes parents sont fonctionnaires tous les deux et depuis tout petit, j’ai voulu faire comme eux pour connaître, moi aussi, cette tranquillité. »


Salarié, associé et très vite, entrepreneur


Mais en grandissant, Antonin revoit ses plans. Son tempérament le pousse ailleurs. « J’ai fait un stage au Service de l’eau de Rosny-sous-Bois et j’ai découvert que… c’était un peu trop tranquille ! Ça manquait d’action et d’exotisme. Mon problème, c’est que je n’avais pas encore trouvé ma voie. Je pouvais aller partout sans effort, tout me plaisait, Lettres ou Science. J’étais le premier de la classe, mais aussi le plus dissipé. Je ne sais plus combien d’heures de colle on m’a attribuées. Je m’ennuyais. Après le Bac, à nouveau j’ai opté pour des études généralistes, en attendant d’y voir clair. »


Finalement, c’est sa passion pour les jeux vidéo et l’informatique qui va guider ses choix professionnels. Un premier stage, un second : rapidement, l’entreprise grossit et lui propose de prendre des parts. Antonin se lance, avec 10% – ses parents lui avancent l’argent.


Finalement, le gérant va « planter la boîte », mais entre temps Antonin et Sylvain, un autre associé, ont décidé de prolonger leur duo. « On a décidé de remonter quelque chose et on a récupéré d’anciens clients. »


Antonin estime s’être lancé dans l’entreprenariat « dans des conditions très confortables ». « Ensuite, on y prend goût, ou pas. Moi, j’ai pris goût aux responsabilités. Aux décisions. Je sais que je suis le principal acteur et le maître de ma vie. Je vais, par mes choix, orienter mon mode de vie. La tranquillité, ça ne me fait plus rêver… Le mérite, oui. Je suis récompensé pour mes efforts. »


« Avoir la même équipe dans 30 ans, ça me ferait vraiment plaisir »

Le collectif est un autre moteur, extrêmement puissant. « Je pourrais travailler seul – à mon compte – mais ce n’est pas ce que j’aime. J’aime travailler avec les autres. Apporter de la clarté. Mes collègues me font confiance et ça me plaît ! J’ai envie de construire avec eux, en limitant au maximum le turn-over : ça me ferait vraiment plaisir d’avoir la même équipe dans 30 ans. Je vois l’entreprise comme un socle, qui apporte aux gens un travail, un confort et un épanouissement. »


Il dirige son entreprise en père de famille. « Je ne laisserai personne sur le côté – se faire taper dessus par un client, par exemple. »

« Avec Sylvain [associé-fondateur de studio GD – NDLR], nous sommes arrivés à l’association par la force des choses, notre binôme est assez évident. Il est ma caution technique – la personne qui valide ce que je vends au client. Et celui qui met le holà. On avait une bonne complémentarité et on a partagé pas mal de galères. Avec les autres associés, c’est différent. Ils ont pris des actions pour montrer qu’ils adhèrent à l’entreprise, mais ils me délèguent la gestion. »


Deux aspirations contraires


On devine chez Antonin deux aspirations contraires : il y a cette volonté de s’entourer, mais il manifeste aussi le désir de garder pour lui ses problèmes, de tenir bon, stoïquement. Il a connu début 2018 une période difficile, a été contraint à des licenciements, et il est clair qu’il en garde un souvenir douloureux. « Je ne fais pas de soutien moral avec d’autres entrepreneurs. J’ai une certaine pudeur vis-à-vis de ça. Quand j’ai eu des problèmes avec la boîte, je n’en ai pas parlé. J’ai peur d’emmerder les gens : je n’ai pas de raison de me plaindre. »


Studio GD affiche depuis ses débuts entre 30 et 50% de croissance annuelle. Antonin pourrait rester dans cette situation confortable, mais il estime qu’il a devant lui encore un grand virage à prendre : transformer son modèle, pour passer d’un « studio de sous-traitance pour des agences qui gagnent de gros projets web » à un positionnement plus tourné vers le conseil, autrement dit un studio capable d’aller chercher lui-même les clients en direct.


Concrètement, cela signifie recruter des profils différents : des commerciaux, des experts du marketing et du design. Et bien sûr mettre en jeu la trésorerie, prendre des risques. Un sacré parti pour Antonin, qui se dit prêt à « aller au feu ». La décision est prise. On lui souhaite tout le succès qu’il… mérite !

bottom of page