Deux ou trois ombres de ces lecteurs d’autrefois, qui se rendaient en ce lieu aux années vieilles d’un siècle ancien, là, oui, dans ce même jour diffus, à lire dans un brouhaha tranquille des morceaux de livres qu’on allait extraire de ces fameux casiers en bois, parfois jusqu’à bout d’échelle ! Car nous y sommes, Victor ! C’est bien là, aux contours de 1870, que Michel Lévy eut cette idée tellement à lui, une idée de génie, commander à Henri Fèvre un magasin de librairie. Lui, unique éditeur de la Rive droite quand tous ses concurrents fourmillaient au Quartier latin, un magasin de librairie !… Victor ?
Cent cinquante ans plus tôt, Michel Lévy aussi avait une vision et une liste de besoins à cocher.Michel Lévy voulait un siège pour sa maison d’auteurs, mais aussi des bureaux pour lui, son frère Calmann, leurs correcteurs, mais pas seulement. Que dès l’entrée, sous un toit transparent, une espèce de comptoir pour expédier les ouvrages qu’il éditait, oui. Une ruche, quelque chose de bruissant à diffuser ses écrivains, les faire connaître, et à tout vent accueillir les lecteurs du coin ou de passage. Pour ces yeux-là, d’ailleurs, il en avait eu un autre, de coup de génie : une collection qui portait son nom – l’ancêtre du “poche” !
Michel Lévy l’avait encore voulu : des colonnes de bouquins à bouquiner là, sous son toit, à discrétion !