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François la Force tranquille


François Pekly


François est le premier entrepreneur que nous avons interviewé après l’annonce de confinement, le 17 mars 2020.


Gestionnaire avant tout


« Je suis un vieux start-upper de 41 ans… En réalité, je suis un gestionnaire avant tout. On n’a pas paniqué. » Lorsqu’il évoque « l’onde de choc » de cette troisième semaine de mars , François Pekly, l’un des trois co-fondateurs du site CallALawyer fait preuve d’un calme réconfortant.


« Vendredi 13 mars, on a bien vu qu’on allait vers le confinement et on a pris toutes les décisions samedi, 48h avant les annonces officielles. Lundi matin, toute l’équipe était déjà en télétravail. Nous avons veillé aussi à rassurer nos trois stagiaires : on les garde ! Ce n’est pas forcément le cas partout. Mais c’est important pour nous, qui avons la chance d’être un prestataire de services, avec une seule chose à gérer : l’équipe. Nos collaborateurs ont besoin de nous sentir présents, impliqués, rassurants. »


La solidarité comme réponse à la crise


Autre décision fondatrice en cette période de crise : se montrer solidaire. François fait partie de ces rares entrepreneurs à qui la crise actuelle apporte un surplus d’activité. Il pourrait profiter de la situation, mais il a choisi de faire précisément l’inverse.


« En période difficile, on a plus que jamais besoin d’avocats, explique-t-il. Les questions fusent et bien sûr elles portent surtout sur le droit social. Les chefs d’entreprise veulent des réponses personnalisées, au-delà des mesures annoncées par le gouvernement, qui restent encore floues. A quelles aides ai-je vraiment droit ? Est-il exact que je peux cesser de payer le loyer de mon entreprise ? Dans quelle mesure puis-je modifier les conditions de travail et les salaires de mes collaborateurs ? Et ainsi de suite »

Pour autant, si les appels affluent, les trois co-fondateurs ont unanimement décidé de mettre leurs services gratuitement à disposition de leurs pairs. « Pendant tout le confinement, Call A Lawyer est gratuit pour tous les entrepreneurs ! » La bannière s’affiche en bonne place sur CallALawyer.


À l’origine de ce choix, les convictions de deux dirigeants qui ont toujours voulu aider les autres. François est coach. Mathieu est avocat. Ils ont pensé CallALawyer comme un « service public », une façon de donner au plus grand nombre et notamment aux plus démunis l’accès à un avocat. Bienvenue dans un monde où consulter un avocat coûterait moins cher que de consulter un médecin. Et quand les deux associés évoquent un « service public », c’est au sens littéral : ils sont en contact avec différents acteurs semi-publics avec l’espoir de faire de leur dispositif, une prestation d’intérêt général.


Ils ont aussi la certitude de faire la preuve par l’exemple : on a toujours besoin d’un avocat. « Nous voulons montrer que nous ne nous servons pas de cette crise pour faire du business et nous espérons que nos appelants conserveront le réflexe de contacter un avocat, bien au-delà de l’épisode actuel. Notre geste de solidarité nous reviendra tôt ou tard, sous une forme ou sous une autre. Avant le confinement, nous étions en phase de négociation avec des prospects très qualifiés chez les assureurs. Les appeler maintenant pour leur dire : « On n’a pas encore signé, mais on passe tout de suite en accès ouvert pour tous vos clients », c’est envoyer un signal très positif. »


Des leçons positives à tirer


De manière générale, François fait clairement partie de ceux qui voient le verre à moitié plein. Il est confiant et son énergie est communicative. « Cette crise finira par passer. Il y aura un lendemain, aucun doute là-dessus. Et le plus important, c’est justement ce qui arrivera… après. J’espère que nous allons tous progresser, aussi bien dans notre façon de gérer nos entreprises qu’en améliorant nos pratiques quotidiennes en faveur de l’environnement. Sans vouloir dédramatiser la pandémie, je suis convaincu que nous pouvons en tirer des leçons très positives. Dans nos relations inter-personnelles également : je n’ai jamais autant appelé mes proches que depuis lundi. »


De nouveaux rites pour télétravailler


En coulisses, CallALawyer a trouvé un nouveau rythme. Comme nous tous, l’équipe de huit personnes est confinée depuis lundi 16 mars. Elle remplit donc sa mission dans des conditions inédites de télétravail. « Jusqu’à présent, nous nous retrouvions tous au bureau, dans un espace de co-working que j’ai choisi pour ses vertus fédératrices, pour la dynamique qu’il insuffle entre nous, poursuit François Pekly. Je reviendrai avec plaisir dans nos locaux à l’issue du confinement, mais dans l’immédiat le télétravail nous fournit l’occasion de découvrir quelques bonnes pratiques. Par exemple, nous avons instauré un point collectif trois fois par jour, à 9h30, avant l’heure du déjeuner puis en fin de journée. Ce rituel de 15 minutes s’avère finalement bien plus efficace – et plus chaleureux – que les longues réunions d’une heure. Nous allons le pérenniser, au moins pour le point du matin et celui du soir. Nous tissons des liens, également. L’une de nos stagiaires a seulement 21 ans, elle est loin de sa famille qui se trouve à Marseille, il est important de créer du lien, de se soutenir. »


Des dépenses déjà optimisées


Pas d’inquiétude côté IT (les apps tiennent bon), pas vraiment de dépenses à réduire non plus, puisque les trois associés avaient déjà tout passé au cordeau bien avant la crise. L’achat de mots-clefs en SEA, par exemple, venait d’être stoppé, au profit d’un travail plus poussé sur le SEO. « La seule dépense à laquelle nous espérons échapper, ce sont les charges sociales – il faudrait les supprimer purement et simplement, plutôt que de les reporter. Le paiement du loyer pourrait lui aussi être suspendu, si les bureaux fermaient pour de bon, avec un confinement clairement énoncé comme obligatoire. Notre échéance de trésorerie court jusque septembre-octobre. »


Portrait réalisé en Mars 2020 et rédigé avec ♡ par Florence Boulenger

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