Pour autant, insiste Pierre Cesarini, « aucune raison d’attendre que les résultats tombent, cela ne se passe jamais ainsi. Se fixer des objectifs n’est pas une fin en soi. Certes, c’est très bien de les atteindre, mais après ? L’ADN d’un entrepreneur, c’est d’être constamment dans l’action. Penser l’après. Même à l’ébauche. Car si je suis certain d’une chose, c’est qu’il n’y a pas d’épiphanie pour un dirigeant ! C’est ce que j’essaie d’inculquer à mes élèves de l’École des Mines de Paris Tech : pas de répit. Jamais. De la satisfaction de temps à autre, mais pas de répit, pas question. » Et de citer Steve Jobs, quand celui-ci remettait aux meilleurs de ses collaborateurs une pomme en or, enrichie à échéances régulières de cinq diamants, voire de dix, parfois de quinze, à chacun il disait : The journey is the reward. Pierre Cesarini abonde : « C’est la réalité. L’authentique récompense pour un manager n’est pas de savourer un succès, c’est déjà, au moment de la fête, d’imaginer l’étape prochaine. »
En début d’interview, on n’avait pas relevé le bout d’une phrase, et Pierre Cesarini avait prononcé la chose de manière anodine, quasiment sous le menton : il avait parlé d’agriculture, d’agrumes. À présent, il s’exprime un peu moins vite : « C’est une évidence, la Tech, c’est un art de l’éphémère. Et pourtant, moi, j’aime construire. Tenez, en ce moment, dans mes champs, je plante des arbres. »
Et l’on se dit que la Tech, ça n’est peut-être pas si loin qu’on croit de l’agriculture.