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Clem Garvey - CEO de Paragon ID : "Attention à ne pas aller trop loin dans la réglementation"

Dernière mise à jour : 15 juil.

Clem Garvey

Paragon ID conçoit et développe des solutions sans contact depuis la France, l’Europe mais aussi les EtatsUnis,  là où se trouvent ses clients. A la fois technophile et internationale, cette entreprise a un double point de vue privilégié sur la question de la souveraineté numérique,  exprimé à travers la parole de Clem Garvey son CEO.


En tant qu’entreprise technologique internationale,  Paragon ID est aux premières loges pour constater les difficultés rencontrées liées aux protectionnismes. Clem Garvey,  CEO de ce concepteur et fabricant de solutions sans contact pour les secteurs du transport,  du paiement,  du retail ou encore des papiers d’identité évoque certains d’entre eux : « Depuis le Brexit,  la situation s’est complexifiée avec certains de nos clients britanniques, pour des règles d’acquittement de TVA et de frais d’importation qui ont changé… »


Outre-Atlantique,  Paragon ID fabrique directement sur place,  depuis sa propre usine. Car dans cette partie du globe, « il est commercialement important pour nos clients américains de contribuer à l’économie locale  »,  précise Clem Garvey.


Le CEO estime que l’Europe doit développer de son côté son propre marché,  à l’instar des principes du China First et de l’US First. « Mettre la priorité sur les acteurs locaux dans le cadre d’appels d’offres serait un début. Autre défi,  de taille mais réalisable,  la création d’un opérateur de cloud européen », imagine Clem Garvey.


Pour y parvenir, l’Europe doit sortir de sa réserve en matière d’investissements. «  L’échelle des financements est à revoir… Là où l’Europe mise 1000 euros,  les Etats-Unis sortent 10 000 dollars du portefeuille ! », s’exclame le CEO de Paragon ID. Toutefois,  depuis quelques années, l’Europe et la France font des efforts, comme peut en témoigner l’entreprise de Clem Garvey,  qui pour sa part a reçu deux prêts bancaires de la BPI d’un montant total de 8,7 millions d’euros.


Contrôle des données : le juste équilibre


Afin d’assurer l’hébergement de ses données,  Paragon ID recourt à la fois aux services des hyperscalers, et à ceux d’acteurs locaux. Parfois,  le contexte réglementaire et juridique de certains clients mène à héberger les données en Suisse,  «  en terrain neutre ».


Dans la plupart des cas,  ce sont les clients de Paragon ID qui récupèrent et traitent les données. Ce qui n’empêche pas Clem Garvey d’avoir un avis sur la question réglementaire de celles-ci  : « L’esprit du RGPD est partagé partout dans le monde. Moi-même j’en suis supporter. Mais il faut se méfier de ne pas aller trop loin,  et d’imposer au monde des idées philosophiques trop compliquées à mettre en œuvre  »,  estime Clem Garvey.


Dans la même lignée,  l’Union européenne réfléchit à un Artificial Intelligence Act,  une nouvelle proposition réglementaire visant à encadrer l’utilisation de l’intelligence artificielle,  notamment en matière de respect des droits fondamentaux. Pour le moment encore au stade des négociations, ce texte à venir inquiète déjà les acteurs de l’IA,  avec lesquels Paragon ID travaille. « Certains d’entre eux réfléchissent à quitter la France pour migrer vers les Etats-Unis,  où la législation est plus souple »,  affirme Clem Garvey.


Manque d’investissements, menace sur la souveraineté !


Cette timidité dans les investissements a des conséquences. Dans le marché de Paragon ID, cela se traduit par la forte dépendance envers les pays asiatiques pour la production de puces électroniques. Clem Garvey en expose la problématique : « Aujourd’hui dans le monde 70% des wafer (tranche ou plaque très fine de matériau semi-conducteur nécessaires à la fabrication d’une puce électronique,  ndlr) sont fournis par Taïwan,  qui alimente des sociétés européennes comme STM icroelectronics,  Infineon,  NXP… auprès desquelles nous nous fournissons. »


Pourtant, les enjeux sont colossaux, et dépassent amplement le cas particulier de Paragon ID. «  Nous avons personnellement écrit,  avec le CEO de Impinj (fabricant américain de produits de technologie RFID, ndlr) à TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company,  qui est la plus importante fonderie de semiconducteurs indépendante, ndlr) afin d’alerter sur la criticité de nos solutions dans les secteurs médical,  les transports urbains et l’industrie,  et donc sur notre besoin d’être priorisés quant à leur octroi de capacité de production. Et nous avons été entendus », déclare Clem Garvey.


En 2021,  l’Europe annonçait le plan European Chips Act,  soit un investissement de plus de 40 milliards d’euros en dix ans dans le développement de la production de puces,  tandis que la même initiative est proposée outre-Atlantique, avec 50 milliards de dollars.


« L’idée est de créer des sources souveraines,  qui n’existent pas aujourd’hui,  mais qui sont pourtant nécessaires à notre souveraineté… »,  s’impatiente Clem Garvey. Le changement tant attendu devrait prendre encore quelques années.


« L’échelle des financements est à revoir... Là où l’Europe mise 1000 euros, les Etats-Unis sortent 10 000 dollars du portefeuille ! »

Interview issu de l'étude : Concilier performance industrielle et souveraineté technologique, éditée par Instinct Collectif en partenariat avec Cleyrop.


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