Pour le groupement coopératif Système U, la question de la souveraineté est bien moins importante que celle de la souveraineté alimentaire, source de toutes ses préoccupations. Toutefois, Dominique Schelcher, son PDG, se méfie de la dépendance tarifaire liée au peu de fournisseurs de technologies indispensables au fonctionnement de tous ses points de vente.
Oui, Système U est dépendant, comme bien d’autres entreprises françaises, aux solutions technologiques développées par les Gafam. Dominique Schelcher, à la tête du groupement coopératif des commerçants de cette enseigne de distribution, en a bien conscience. « Les faiseurs de technologies sont soit américains, soit chinois. Nous acceptons cet état de fait, et nous nous y sommes adaptés », déclare le PDG.
Ainsi, Système U dispose de contrats centralisés pour l’ensemble de ses points de vente, auprès des principaux acteurs du marché. « Google est l’un de nos partenaires les plus importants pour la partie bureautique, et Salesforce pour le e-commerce », précise Dominique Schelcher.
Selon lui, peu de chances qu’un acteur européen émerge dans ce milieu pour permettre une souveraineté numérique.
« Je suis assez pessimiste… Je pense que l’organisation européenne actuelle empêche les initiatives fortes au niveau européen. Autrement, de grandes entreprises auraient déjà émergé », livre-t-il.
Une problématique qui ne soucie pas tant le groupement que celle de la souveraineté alimentaire : « Notre priorité est avant tout de soutenir la filière alimentaire française et d’assurer les approvisionnements techniques », insiste Dominique Schelcher.
Une dominance tarifaire
Dominique Schelcher se méfie toutefois de cette position dominante de quelques acteurs du marché, qui peuvent plus facilement faire pression sur les prix. « Nous sommes en négociation permanente avec les représentants de ces solutions technologiques », confirme-t-il. L’objectif étant de sécuriser des accords de pricing à long terme, tout en répondant aux aspects légaux imposés par l’Europe.
Dominique Schelcher n’exclut pas à l’avenir que les acteurs de son secteur dépassent leur position de concurrents pour réfléchir collectivement à la question de la souveraineté technologique. « Mais cette initiative, si elle a bien lieu, se fera à échéance lointaine », tempère-t-il.
« Je pense que l’organisation européenne actuelle empêche les initiatives fortes au niveau européen. Autrement, de grandes entreprises auraient déjà émergé. »
Interview issu de l'étude : Concilier performance industrielle et souveraineté technologique, éditée par Instinct Collectif en partenariat avec Cleyrop.
ความคิดเห็น