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Simon, l'Epogée-bio

Simon Le Fur

D’un côté, une forte conviction personnelle : les e-commerçants aguerris peuvent aider l’économie bio à grandir. De l’autre, ce moteur puissant : un désir inassouvi d’innovation. Simon le Fur jongle avec ces deux passions et en a fait une entreprise : un grossiste en ligne baptisé « Aventure Bio », qui a fêté ses deux ans en septembre dernier. Cette marketplace BtoB bénéficie de la solide expérience de son fondateur : Simon est l’ancien DG de Greenweez.com, le numéro 1 français de la vente en ligne de produits bio, qui est passé en 2016 dans le giron de Carrefour.


Transition(s) numérique puis écologique : deux vagues à surfer


Avant la transition écologique, Simon avait déjà goûté à la transition numérique. Il a fait ses armes chez Sarenza. « J’ai débuté ma carrière professionnelle au tout début de la deuxième vague du Web, en 2007-2008. Tout était possible, avec l’e-commerce qui démarrait, les vrais débuts de Google, le marketing digital qui prenait forme… Moi j’étais attiré autant par les start-up que par les grandes boîtes, pourvu qu’elles fassent la part belle à l’innovation. C’est mon moteur. En entrant chez Sarenza j’ai eu de la chance. J’ai beaucoup appris. »


Mais il se sent trop loin de ses idéaux : une consommation locale et durable. Et puis, Simon n’est pas fait pour la vie parisienne. Il a besoin de calme. Alors il cherche autre chose et c’est ainsi qu’il découvre Greenweez, qui s’installait en France.


« Ce qui me rend heureux, c’est de verser les salaires. Une SCOP n’est pas un parti politique »

Sept années vont s’écouler et elles seront significatives : « On est passé d’une petite dizaine de personnes pour un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros, à près de 40 millions de CA quand je suis parti. J’ai commencé en tant que salarié, mais ensuite les dirigeants m’ont laissé la place. Quand j’ai estimé que je n’avais plus grand-chose à apporter, je me suis tourné vers la création d’entreprise. J’ai décidé de mettre mes compétences au service de marques bio encore peu connues et mal distribuées. Je veux mettre à disposition des petits producteurs “l’artillerie lourde” de la communication digitale. »


Ne vous y trompez pas : Simon, pas davantage que Kelly, n’est un rêveur. « Je suis capitaliste, mais je crois au capitalisme sans démesure. C’est-à-dire sans écart insensé entre les salaires. J’ai choisi le statut coopératif (une SCOP) où l’on vote les rémunérations, mais ce n’était pas une fin en soi. Je crois que l’entreprise est là avant tout pour générer de la valeur, des bénéfices – et pour payer les salaires. En tant qu’entrepreneur, je suis plus heureux en versant les salaires qu’en m’acquittant d’un quelconque rôle sociétal. Une SCOP, ce n’est pas un parti politique… »


On a sifflé la fin de la récré


L’échec, pour Simon, serait donc de ne plus pouvoir rémunérer ses équipes. A ce titre, 2020 aurait pu le plonger dans l’angoisse, mais il se montre serein – comme en attestent sa voix calme et son sourire durable. « Je savais depuis le début que je voulais créer quelque chose de zéro. Je ne laisserai pas une crise me le reprendre – d’autant que la pandémie vient confirmer l’à-propos de notre offre. Depuis le 16 mars, je constate que ce n’est pas la physique, mais la biologie qui nous rattrape. Voir le monde partir dans tous les sens sans que rien ne soit fait, ça me met en colère, bien sûr. La fin de la récréation a été sifflée. Il faut réagir en jouant collectif – et ce n’est pas à vous que je vais l’apprendre ! »


Commerçant dans l’âme : « J’aide les autres à vendre »


Ce qui anime l’entrepreneur, ce n’est pas l’argent, mais plutôt la gloire (au sens de : la reconnaissance). « J’ai besoin d’apporter ma pierre à l’édifice – pour moi, le développement du bio, c’est une épopée. Cependant je garde la tête froide : mon impact est somme toute très limité, nous ne sommes que de petites poussières », sourit-il.


Ce paradoxe entre ambition et décontraction, Simon l’assume. C’est la somme de ses choix. Il a préféré s’investir dans la distribution plutôt que de devenir berger ou vigneron. « Mon truc, c’est d’aider les autres à déployer leurs ailes. C’est là que je suis bon : quand je vois un marché en proie au doute – moi je sais que j’ai les outils pour aider. Le métier de grossiste, c’est un business model éprouvé, on achète, on revend et on fait une marge entre les deux : difficile de faire plus simple ! Le digital vient se glisser là en tant qu’accélérateur. »


Comme tous les Digital Natives, Simon garde l’œil rivé aux réactions de ses clients. « Les feedbacks sont bons. C’est le meilleur des indicateurs. »


Quelles aventures attendent Simon et ses 3 associés ? « Je me sens serein. Comme dans la pratique sportive, à ce moment où on est dans l’effort, mais on sait qu’on en a encore sous le pied. Je sens que nous sommes là où nous devons être. »

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