Pour créer Leto, la start-up qui automatise la protection des données personnelles, il a remis le couvert avec son ancien associé et ami Edouard. Et s’ils ont levé des millions d’euros, c’est à force de travail, certes, mais aussi de patience. « On s’est forcés à ne rien coder, ni ne rien créer pendant six mois », raconte l’entrepreneur, qui a su tirer de ce rythme volontairement non effréné un équilibre salutaire.
Que faut-il à un serial entrepreneur ? Une bonne idée, une bonne équipe, de la persévérance, un soupçon de sérendipité… Certes. Ce que Benjamin Lan Sun Luk a toujours eu, c’est surtout l’envie instinctive de trouver des solutions. C’est ça son fioul, sa potion magique. Et c’est ce qui lui a donné envie de créer Leto, qui automatise la protection des données personnelles et la mise en conformité des organisations. Mille problèmes, une solution en 4 lettres, et un CEO heureux.
De la contrainte naît la créativité
Avec son associé Edouard Schlumberger, Benjamin a d’abord créé un comparateur indépendant de programmes politiques, qui s’est ensuite transformé en un média en ligne. Puis, aux tous premiers jours du marketing d’influence, il monte Wisemetrics pour aider les marques à améliorer leurs performances sur les réseaux. Rachetée trois ans plus tard par Augure, le jeune chef d’entreprise devient alors salarié. C’est là qu’il réalise que le scale-up et l’entrepreneuriat sont deux disciplines à part entière.
« C’est là que je réalise qu’il faut créer un alignement, une vision claire pour embarquer toutes les équipes. »
De MarTech à LegalTech, il n’y a qu’un pas
Malgré la frustration de troquer la liberté de l’entrepreneur contre les procédures codifiées d’une grosse boîte, Benjamin a beaucoup appris de ses années de salariat. Et c’est là que s’est dessiné son futur projet. Notre expert en solutions s’est rendu compte qu’il manquait un outil pour mieux auditer les sociétés, et pour que les entrepreneurs y comprennent quelque chose aux règles de traitement des données personnelles, RGPD en tête. Il fait alors appel à son vieil acolyte Edouard, qui répond présent. Les voici repartis sur le chemin sinueux de l’entrepreneuriat avec Leto. 18 mois plus tard, la start-up a levé 1,2 millions d’euros, embauché trois collaboratrices, mais avant tout, elle apporte une solution simple en vulgarisant des sujets légaux complexes. Bingo.
Une secret sauce à base d’enquêtes et d’équilibre pro-perso
« Au départ, on s’est forcés pendant six mois à ne rien coder, ne rien créer. On a juste discuté avec les personnes concernées par le RGPD pour comprendre leurs besoins. » Ce point de départ a été essentiel pour économiser son souffle, gagner du temps et tenir sur la durée. Grâce à cette phase d’enquête, Benjamin et Edouard ont conçu le modèle de Leto en seulement 3 mois. Les deux s’associés ont appris de leur collaboration passée : « La première entreprise, on l’a créée en idéalisant les choses. On n’a pas su créer une solution pérenne. Avec Leto, on est devenus des vieux cons : on est plus terre-à-terre. »
Surtout, l’expérience aidant, Benjamin a su prioriser les actions, prendre le temps quand il le fallait, éliminer le superflu pour tenir le rythme. On a beau le savoir, il est toujours bon de le rappeler : « L’équilibre entre vie pro et vie personnelle est un indispensable de l’entrepreneur. Sinon, on se tue à la tâche. »
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