Quand j’ai rencontré Carla, j’avais… 12 ans ! Nous étions dans le même collège. Quelques années plus tard, en 2014, les hasards de la vie nous ont poussées sur la même terrasse un soir d’été, où j’ai appris qu’elle venait de prendre le virage de l’entrepreneuriat, après plus de vingt ans en tant que salariée. En plein confinement, j’ai eu envie de lui parler : j’avais en tête son côté pétillant et fonceur. Consultante spécialisée dans l’image de soi, que devenait Carla en cette année bousculée ? Spoiler : elle a gardé son fameux sourire.
L’agence s’appelle « Image In You ». Fondée en 2014, elle affiche un positionnement très clair : l’apparence, ça compte ! Carla s’intéresse à l’image de soi, à ce que nous projetons, à la première impression que nous donnons en entreprise.
Le poids de l’image
En juin dernier, le magazine Slate publiait les bonnes feuilles de l’ouvrage collectif « Psychologie des beaux et des moches », dirigé par Jean-François Marmion. On y apprenait que même lorsqu’il s’agit de postes sans contact direct avec les clients, 40% des recruteurs jugent décisive la beauté des candidats dans leur entreprise (sondage Sofres-Medef en 2018).
Au-delà de l’apparence physique dont la Nature a bien voulu nous doter, notre façon de nous habiller, de bouger, de nous exprimer est directement connectée à notre confiance en nous : à nos émotions, à notre capacité de convaincre l’autre et à nos chances de réussir. Affronter un miroir, c’est se donner les moyens d’affronter le monde.
Prendre au sérieux les apparences
Carla s’est attaquée au sujet. Elle l’a pris au sérieux, elle en a fait une force, un credo et une source de business. Elle a suivi des formations en coaching, décroché des certifications et apporte aujourd’hui ses conseils à tous types de publics, sur un spectre très large : chefs d’entreprise ou précaires, adolescents (en collège, lycée, BTS) ou seniors, mais aussi des personnes handicapées ou des malades, schizophrènes notamment.
« Les autres me nourrissent. »
« Je suis très sociable, mon moteur c’est de me nourrir des autres, j’ai besoin de ces échanges permanents. »
L’image et le savoir-être pour s’insérer socialement, trouver ou retrouver un emploi ? Carla a rapidement convaincu sa clientèle. Aujourd’hui, elle intervient dans les missions locales, les hôpitaux, les centres de formations, chez Pôle Emploi, en magasin de mode… seule ou en tandem avec des psychologues, hygiénistes ou diététiciens.
« L’estime de soi, ça ne s’apprend pas à l’école. On n’apprend pas à s’aimer. »
En cette année troublée, comme beaucoup d’entrepreneurs – et comme tous ceux qui travaillent avec le public – le confinement a donné un coup d’arrêt brutal à son activité. Mais Carla l’a vécu avec une relative confiance, bien que la pratique de son métier lui ait beaucoup manqué : « Depuis que je suis coach, je découvre combien nous sommes, tous, pleins de doutes. L’estime de soi, ça ne s’apprend pas à l’école. On n’apprend pas à s’aimer. Alors, lorsqu’une crise survient, c’est encore plus difficile. Mais je suis bien placée pour savoir que ça se travaille ! Rester positifs, c’est aussi une question d’image et de bonnes habitudes : ne pas travailler en pyjama en fait partie – pour citer un exemple incontournable. »
« On a les clients qu’on mérite et qui nous ressemblent. »
Carla elle-même a traversé des périodes de doute il y a six ans, lorsqu’elle s’est lancée. Depuis, elle a montré de quoi elle était capable, et a balayés ces ombres-là. « J’aime ce que je fais, je me sens utile. Et puis on a les clients qu’on mérite et qui nous ressemblent », estime-t-elle.
« Pendant le confinement, j’ai beaucoup échangé avec d’autres professionnels de l’image, dans le cadre d’une association. Et j’ai pris la décision de me former à nouveau, pour mettre ce temps à profit. »
La délicatesse comme valeur maîtresse
Carla a opté pour le digital learning et a ainsi ajouté, en mai 2020, une nouvelle corde à son arc. « Nous entrons dans une nouvelle ère, avec beaucoup d’incertitudes – sur la deuxième vague notamment – et j’essaie de l’aborder avec un maximum d’atouts. Je crains que beaucoup de gens ne perdent leur emploi dans les mois à venir et se retrouvent fragilisés. La relation que je tisse avec mes clients crée un grand climat de confiance : ces sujets-là arrivent immédiatement sur la table. Je les vois venir, en avance de phase. J’essaie de faire preuve d’un maximum de délicatesse et d’énergie. »
Portrait réalisé en Avril 2020 et rédigé avec ♡ par Florence Boulenger.