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Hamid, l'ami

Hamid Benamara

« L’ami », ce n’est pas seulement un écho de son prénom. Hamid Benamara est un ami selon la conception d’Aristote : le philosophe estimait que l’ami véritable est celui qui nous élève : qui nous permet de progresser en nous renvoyant un reflet sans complaisance de nous-même.Hamid fonctionne de cette manière-là, tant avec ses proches – deux d’entre eux sont d’ailleurs devenus ses associés – qu’avec ses collaborateurs. Il chemine, il se développe et il grandit dans un jeu de miroir permanent avec les autres. L’ancien patron des Furets.com lance aujourd’hui sa nouvelle aventure entrepreneuriale. Bien entendu, elle est placée sous le signe de la mise en relation : c’est une marketplace.


Un « enfant de la République »… qui renvoie l’ascenseur


Avec le sourire, Hamid nous annonce d’abord sa taille et son poids. La plaisanterie laisse deviner un homme qui se veut très accessible, une personnalité de contact et de rapprochements. Chaleureux, ouvert, équilibré : voilà le premier l’effet que produit cet « enfant de la République » – puisque c’est ainsi qu’il se définit. « J’ai profité à plein de l’ascenseur social. Et quand je peux rendre ce qu’on m’a donné, je le fais toujours ».


Il n’y a donc pas de hasard si Hamid fonde en ce début d’année une place de marché dont la vocation est de mettre en lien les particuliers, y compris les plus modestes – dès 2 000 euros d’épargne – avec les professionnels du placement immobilier.


Yoonest agrège l’immobilier neuf (l’investissement locatif) et les SCPI françaises. D’un côté les particuliers, de l’autre les courtiers, conseillers en gestion de patrimoine, agents et promoteurs immobiliers. « Ce marché reste à la fois très peu digitalisé et élitiste. L’immobilier est une valeur-refuge – à laquelle beaucoup de gens ne peuvent pas accéder. Nous pensons qu’il n’y a aucune raison que ces produits de grande qualité ne bénéficient qu’à des publics bien conseillés – autrement dit à ceux qui ont déjà de l’argent. »


Intelligence émotionnelle


Hamid Benamara a dirigé Les Furets durant sept ans. Il est parti fin 2019 et a consacré l’année 2020 à ce nouveau projet. Sans quitter complètement le monde de l’assurance, il met un pied dans celui de l’immobilier. « Ma trajectoire a été accélérée par des rencontres, avec des personnes formidables qui m’ont beaucoup aidé. Je crois au collectif. A l’importance de faire taire son ego. Et je crois au temps, à la confiance, à la construction des liens dans la durée : l’un de mes deux associés est un ami d’enfance. »


Il est devenu entrepreneur pour étancher sa soif de liberté. « Vous devez l’entendre souvent, mais mon moteur est bien celui-là. Quand on entreprend, on perd des heures de sommeil. Mais on gagne en autonomie et en liberté. Je crois que chaque dirigeant a le même rapport à la hiérarchie : il s’en affranchit ! Attention, nous ne sommes pas forcément des rebelles, mais simplement on n’arrive pas à suivre les décisions qu’on ne partage pas – ni un rythme qu’on juge trop lent. »


Hamid n’a pas fondé les Furets, mais imprimé sa signature sur l’entreprise.


« J’avais un héritage, un tronc commun, il fallait composer. Mais c’était à moi de prendre le pouvoir. De faire passer ma vision. Les entreprises naissent et croissent sur des problèmes identifiés. Elles sont là pour réparer quelque chose. Mais aussi pour créer : pour produire des offres inédites. »


Ses collaborateurs le perçoivent « sans doute comme quelqu’un qui peut être très exigeant, mais aussi très humain : j’écoute leurs problèmes personnels et je peux faire passer ça avant tout le reste. Je les responsabilise, aussi. J’aime les voir acquérir de l’audace. Quand je les recrute, je fais très attention à leur intelligence émotionnelle. »


« C’est l’exécution qui fait la différence. On n’est pas plus intelligents que les autres. Mais on délivre vite, très vite. »

Hamid accorde au moins autant d’importance à l’exécution qu’aux idées. « J’ai toujours eu la conviction que l’exécution fait la différence, quelles que soient les carrières et les trajectoires. Chez Yoonest, on n’est pas plus intelligents que les autres. En revanche on a une grande foi dans notre capacité de délivrer. On a réussi à boucler la plateforme en moins d’un an. Et puis on se lance sans contraintes : pas de reporting, ni de présentations stratégiques. Chez Les Furets, je passais un tiers de mon temps à gérer les actionnaires, à assister à des comités de risques… Bon. Ce n’était pas mon tiers préféré, vous l’avez compris ! Aujourd’hui je consacre toutes mes journées à l’exécution. Prioriser, c’est le rôle du dirigeant. Dès que je vois que l’équipe s’éparpille, je donne un tour de vis. »


C’est ainsi – en se focalisant et en concentrant toute son énergie sur les objectifs prioritaires – que Yoonest a été l’une des premières entreprises à décrocher un prêt garanti par l’Etat (PGE) – dès le début du mois d’avril.


« Pendant 10 ans, dans la Finance, on m’a appris à réduire le risque. Mais moi, le risque, j’aime ça ! »

S’il est très vigilant sur la façon dont il utilise son temps, Hamid en consacre une partie significative à aller chercher des retours, à se confronter à ses salariés, utilisateurs, confrères, prospects, clients… « Feedback is a Gift…. Quand quelqu’un prend le temps de vous faire un retour, il vous fait gagner, à vous, un temps fou. Je l’ai appris à mes dépens d’ailleurs, il y a quelques années : un jour où j’ai reçu un feedback inattendu et négatif de mes équipes – une vraie gifle, mais salutaire. »


Père de deux grands enfants, Hamid « aime les gens, tout simplement ». On devine peu d’ombres, peu de démons cachés derrière son grand sourire. Son rapport au risque est clairement posé : « C’était un sujet très perturbant et très important pour moi. J’ai démarré dans la Finance, dans un cabinet d’audit anglo-saxon. Dans ce genre d’endroit, on vous apprend à avoir une aversion au risque. On vous apprend à le quantifier, à le réduire. Mais moi, j’aime le risque ! Je me sentais l’âme d’un BizDev, pas du tout d’un gestionnaire de risque. Alors, j’ai été tiraillé pendant dix ans entre ce que le métier impliquait et ma nature profonde. Et je me suis retrouvé entrepreneur à 32 ans. J’ai quitté un emploi prestigieux pour prendre les commandes d’une petite PME. On m’a dit que j’étais cinglé, que je me tirais une balle dans le pied. Mais j’ai transformé ce tiraillement qui me rendait malheureux, en force, en atout. Le formatage de la Finance m’aura finalement permis de prendre des risques, mais avec une série de garde-fous. »

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