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Hermine, coûte que coûte


Hermine Mauzé

Herminé Mauzé a fondé, il y a presque quatre ans, un studio de production de contenus spécialisés dans la tech et l’innovation. Après les grèves de décembre-janvier, la crise du Covid-19 vient éprouver la résistance de la jeune entrepreneuse. Mais elle compte bien tenir le choc.


Un podcast baptisé « Enfants du siècle » (comment élever ses enfants dans un monde de plus en plus technologique), un autre qui s’appelle « Secret Sauce », pour partir à la recherche de la formule magique du business, une websérie (« France Active ») consacrée aux entrepreneurs engagés… Et désormais, pour coller à l’actualité, la série « Medtech » qui va à la rencontre des start-up françaises spécialisées dans la santé. Ainsi que les petit-déjeuners virtuels de Yunikon pour tenir le coup pendant le confinement.


La priorité : protéger les emplois


L’équipe de Yunikon réagit vite et bien. Elle s’adapte. Six salariés, plus un réseau d’intermittents du spectacle et d’auto-entrepreneurs : en ces temps troublés, la priorité d’Hermine est très claire ; il s’agit de protéger les emplois qu’elle a créés. Car si l’activité de son entreprise présente un côté « fun », la dirigeante a la tête solidement posée sur les épaules. On le constate à sa réaction, lorsqu’on lui demande quels signaux faibles l’ont alertée, et même émue, avant le confinement : elle associe l’émotion aux variations de la Bourse. « L’affolement des marchés, pour moi, c’était un gros indicateur, c’était grave. Il y a toujours un aspect émotionnel dans l’économie. »


« Confusion » comme sentiment dominant à l’entrée de crise

Au début du confinement, lorsque nous l’avons interrogée, Hermine faisait état d’un sentiment général de « confusion. » « La perspective de fin de crise reste lointaine. Nous sommes les capitaines dans la tempête : face aux équipes il faut être encourageants, positifs, garder de l’enthousiasme… alors que dans nos vies personnelles il faut gérer le télétravail, les enfants, les trois repas par jour. Trois repas par jour, finalement c’est beaucoup non ? »


« Comment va se financer le trou noir ? «

La semaine suivante, elle venait de placer quelques salariés en chômage partiel et s’interrogeait sur les règlements Urssaf. Elle venait aussi de déposer une demande auprès de la BPI. « Je m’interroge beaucoup, comme tous les entrepreneurs, sur le financement de ce « trou noir ».


Nous sortions déjà d’une longue période de grèves. En mai, comment on fera pour raccrocher, avec une trésorerie exsangue ? » Aujourd’hui, en cette cinquième semaine de confinement, Hermine estime que la date du 11 mai comporte encore tellement d’incertitudes qu’elle ne peut en rien influencer ses décisions.


« Le déconfinement ne sera pas synonyme de sortie de crise. J’espère simplement que les grands groupes vont cesser de suspendre des contrats et/ou de recourir abusivement au chômage partiel. J’entends trop de cas autour de moi, qui me semblent scandaleux. »


L’autonomie des équipes, une vertu de la crise


La période de confinement aura permis à ses équipes de progresser en matière de télétravail. Ou plus exactement, en matière d’autonomie.


« Nos collaborateurs sont encore jeunes et ont besoin d’encadrement. Au départ, c’était très difficile. Il a fallu les former, mettre très vite sur pied une méthodologie de télétravail : à qui tu rends compte et de quelle manière, dans quelle mesure tu peux te permettre d’être plus « débrouillard » que d’habitude… J’ai consacré pas mal de temps et d’énergie à ça. D’autant plus que durant ces semaines étranges, où la plupart de nos commandes sont en suspens, la meilleure décision est de ne pas en prendre. J’ai eu de longues discussions avec mon expert-comptable : pour l’instant on fait ce qu’on peut, on essaie de maintenir une activité le plus longtemps possible. Mon objectif numéro 1 est de préserver les emplois, de faire le dos rond jusqu’à la reprise. Les salariés me demandent du travail, pas de leur faire part de mes états d’âme. »


Jongler entre la casquette de maman et de chef d’entreprise


Hermine s’est installée un bureau digne de ce nom, elle s’occupe des enfants le matin pendant que son mari travaille et remet sa casquette de chef d’entreprise chaque après-midi. « Les grèves nous avaient préparés à une forme d’adversité. Là, on doit confirmer l’essai. Mon père m’a toujours dit qu’il fallait tenir un rythme en temps difficiles, continuer de s’habiller le matin et conserver des rituels même quand le monde vacille autour de nous. »


Portrait réalisé en Mars 2020 et rédigé avec ♡ par Florence Boulenger.

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