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Jean-Baptiste, Le jeune vétéran


Jean-Baptiste Hironde

Depuis 10 ans, la start-up de Jean-Baptiste Hironde, MWM, occupe la place convoitée de premier éditeur mondial d’applications musicales. Surprise : le PDG et fondateur de MWM n’a que… 34 ans. Ce roi du pitch, à la fois sérieux et sympathique, est paradoxalement un vétéran ès start-ups. Avec 10 ans à son compteur, MWM est tout sauf une jeune pousse. Une décennie, c’est une véritable prouesse quand on sait que huit start-ups sur dix ne dépassent pas 5 ans d’espérance de vie.


Il en parle comme d’un souvenir ancré loin dans sa mémoire. En 2008, un an après la sortie de l’iPhone 1, l’App Store est encore une terra incognita, un « truc de geek ». « Rien n’était fait, tout était à prendre », se rappelle Jean-Baptiste Hironde.


En 2009, à 21 ans, il crée sa société avec son meilleur ami et associé, le développeur Nicolas Dupré. Ils finalisent edjing, une application qui rend la pratique du DJ mix facile et peu onéreuse Grâce à une seule mise en avant sur l’App Store en février 2012, la marque à la pomme provoque l’essor impressionnant du produit phare de MWM. En quelques semaines, l’application edjing est la plus téléchargée au monde ! La première année, la société conquiert 3 millions de téléchargements ; la deuxième, 9 millions ; la troisième, 20 millions.


L’élève agité revenu « dans le droit chemin »


Le CEO au look soigné, problem solver au regard déterminé, n’était pas parmi les meilleurs élèves à l’école. Plutôt du genre dissipé, pas dérangé à l’idée d’être en queue de classe. C’est à la fin du lycée, puis en Maths sup et Maths Spé qu’il se révèle. Il intègre l’EPF, une école d’ingénieur généraliste où il suit une spécialisation en aéronautique et espace. Jean-Baptiste Hironde fait son premier stage sur un plateau de 100 personnes au sein d’un bureau d’études « du genre entreprise d’hier ou d’avant-hier ».


« C’est moi qui ouvrais les plateaux, j’étais le premier à arriver, le dernier à partir. J’avais développé un logiciel qui me permettait d’automatiser le travail qu’on me demandait. Au bout d’un mois, je finissais ce qui était alors produit en six mois. J’avais 20 ans, j’étais plein d’énergie, je ne voulais pas rentrer dans la norme. Ce fut mon seul et unique stage, ma première et dernière expérience en entreprise. Je ne m’imaginais pas en ingénieur formaté, je n’étais pas fait pour ça. Alors j’ai créé ma boîte ».


« Je ne m’imaginais pas en ingénieur formaté, je n’étais pas fait pour ça. Alors j’ai créé ma boîte »

L’impasse limousine


La success story commence plutôt mal. Le chef d’entreprise se remémore « un parcours du combattant » qui débute avec une SARL immatriculée à Limoges, après le Salon de l’entrepreneur. « On nous avait octroyé une subvention de 10 000€ à condition qu’on s’installe deux ans sur le territoire limousin », explique Jean-Baptiste Hironde. “Nous étions alors en vacances d’été sur place et nous avons donc décidé d’y créer la société. Nous nous sommes rapidement rendu compte que cette décision n’était pas optimale et nous avons décidé de rapatrier le siège en Ile de France, quitte à renoncer à la subvention”. Occupés à finir leurs études et à développer leur produit, les deux amis ne génèrent pas d’activité pendant 3 ans. Le système complexe du RSI (ex sécurité sociale des indépendants) les engloutit et ils se retrouvent à devoir payer 8 000€ d’indemnités forfaitaires. La Banque de France finit par bloquer les comptes de Jean-Baptiste Hironde et il lui faudra l’aide d’un avocat pour pouvoir utiliser à nouveau sa carte bleue… “On n’aurait jamais dû créer la structure avant de lancer notre produit !” se souvient Jean-Baptiste Hironde.


C’est en 2012 que l’histoire démarre véritablement avec le lancement d’une première application mobile et le déblocage d’une première levée de fonds de 81 000€. Pour comparaison, leur dernière levée s’élève à… 50 millions d’euros.


Dans la mouvance de David Guetta


Fan d’électro et DJ amateur depuis ses 14 ans, le jeune homme s’obstine. Il sent qu’il y a « quelque chose à faire, même si l’industrie du mix est encore très fermée, dominée par Pioneer qui est là depuis au moins 30 ans ». Dans les années 2010, le CEO insouciant, mais ambitieux, fait le pari que cela va changer.


Entre 2008 et 2012, le célébrissime David Guetta connaît un succès colossal et remplit des stades entiers. Les DJs sont mis en avant dans de nombreuses publicités. HP, Microsoft, Sony… Les grands acteurs des logiciels et de la tech voient dans la mode du mix une opportunité marketing et médiatique.


« Un matin de 2012, on s’est réveillés et on a vu que notre app était N°1 de l’App Store ! On s’est dit : “qu’est-ce qu’on a fait ?!“ »

Les deux amis commencent alors à trouver des investisseurs plus importants dans un écosystème de start-ups encore peu évolué.


Les meilleurs… et les pires souvenirs


Ses plus beaux moments, il les stocke dans son cloud : plus de 45 000 photos et vidéos ! Bien sûr, il repense aux levées de fonds exceptionnelles, mais aussi aux rencontres. À Davos, il croise Barack Obama, puis Emmanuel Macron, pas encore en campagne pour la présidentielle.


« J’ai eu la chance de voir Emmanuel [il l’appelle par son prénom, ndlr]. J’avais 15 minutes pour apprendre à mixer au futur président. Et pile au moment où je dois faire le show, devant tous les représentants du gouvernement, je suis pris d’une migraine ophtalmique. J’étais avec le vice-président d’Intel, un milliardaire, et là, je perds la moitié de ma vue, je n’y vois plus rien. Je me suis dit : “soit je vais à l’infirmerie, soit je ronge mon frein“. Je suis allé au bar, j’ai pris trois sucres et un verre de jus d’orange et voilà ».


Aujourd’hui, Jean-Baptiste Hironde veut attaquer d’autres piliers de l’industrie créative : le dessin, la photo, la vidéo. Début 2020, la start-up comptait 40 salariés, ils sont 140 aujourd’hui et d’ici début décembre, 30 nouvelles personnes devraient être recrutées. MWM comptabilise actuellement plus de 450 millions de téléchargements dans 182 pays.


« Je dis à mes investisseurs que même avec 10 ans d’existence, on n’est qu’à la moitié du chemin. Je suis comme ça, dès qu’un challenge se présente, je suis ok. Je remets une pièce, la machine se relance et ça marche à l’infini… »

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