Il n’a jamais terminé sa troisième année d’école de commerce : il venait de lancer son entreprise.
Ou plutôt, sa seconde entreprise, puisqu’à 17 ans Kevin Soler avait déjà créé un réseau social pour tennismen, développé dans 19 pays et promis à un certain succès au moment de la revente.
Kevin est un ultra-rapide… doublé d’un touche-à-tout. Il a décroché six records du monde de Street Workout – il est aujourd’hui l’ambassadeur de Reebok, Pull in et Polar – et il a ouvert 45 franchises en l’espace de trois ans dans le secteur du marketing digital (réalité virtuelle et imagerie à 360°).
Il prend la crise actuelle comme un obstacle à franchir, ni plus ni moins – comme tous les obstacles qui l’ont précédée. Manifestement, on n’arrête pas Kevin.
Il était une fois un jeune homme ambitieux …
Kevin parle vite, très vite, et il raconte tout, sans tabous. De belles histoires, comme cette incroyable rencontre dans une rue australienne avec un homme qui le félicite de son élégance – Kevin se rendait à un entretien d’embauche – et finalement s’avérera être le recruteur prêt à signer son premier contrat d’embauche.
Et des histoires tristes, aussi, comme la rupture professionnelle avec son père – les deux hommes avaient fondé VIP 360 ensemble – où la pudeur retient les mots.
La crise Covid-19 est arrivée au pire moment
Pour l’ancien sportif de haut niveau, le Covid-19 est arrivé au pire moment, après une année 2019 elle-même très éprouvante, sur le plan familial notamment. « Mais on a réagi dès le début du confinement. On a contacté les restaurateurs, les écoles qui devaient assurer leurs journées portes ouvertes… Nous proposons des solutions en réalité virtuelle : dans un monde confiné, cela présente un réel intérêt ! »
Temps 1 de la gestion de crise : faire le dos rond
Kevin a d’abord consacré trois jours à regarder des webinaires de gestion de crise – c’est un bosseur – avant de prendre ses décisions et de construire le plan marketing de son groupe. « Nous sommes une franchise, je le rappelle : le but n’est pas de faire tenir l’entité-mère, mais qu’on tienne tous. J’ai compris qu’il faudrait faire le dos rond un moment et attendre avant de relancer la prospection. Je n’aime pas attendre. Mais quand c’est indispensable, je le fais. Nous avons commencé par des webinaires gratuits, et par écouter les besoins de nos clients. Dès que le marché a été capable de nous écouter à son tour, on s’est lancé avec une nouvelle offre et des solutions de paiement adaptées à la situation, comme le leasing. »
« Nous sortirons gagnant de cet épisode ! »
Kevin a décidé que son entreprise « sortirait gagnante de la crise ». Il y a fort à parier qu’il y parviendra. Les demandes de devis sont revenues au bout de trois semaines de confinement. Aujourd’hui, les affaires reprennent, avec une gamme sur mesure. Kevin, l’intranquille, ne parvient jamais à se reposer. « L’exigence, l’insatisfaction, me tirent vers le haut. Je n’ai pas encore pris le temps d’encaisser 2019, toutefois je continue d’avancer. Je suis une machine. Ma philosophie, c’est la croissance. L’argent, je m’en fiche. Quand on est entrepreneur, on vend aussi son projet à ses salariés. Moi, je n’ai pas vendu à mes franchisés un développement plan-plan, mais bel et bien une croissance exceptionnelle. »
L’acharnement dans le travail poussé à l’extrême
Kevin donne l’impression de concentrer plus d’énergie que la moyenne et de ne jamais douter. Le jeune homme (28 ans) affiche une telle détermination qu’il convainc. Il a choisi dès le début de ses études de pratiquer l’anglais, le plus possible, et donc de quitter la France pour des stages internationaux.
A 19 ans, il entre en Australie avec une fausse convention de stage – il a pris quelques cours de Photoshop – et de quoi tenir financièrement trois semaines. Il quittera le pays un an et demi plus tard, avec deux expériences qui forgeront la suite. Un travail de porte-à-porte dans un réseau pyramidal, d’abord : de la vente de contrats d’électricité, rémunérée à la commission, très formatrice. Kevin entre rapidement dans le top 5 des meilleurs vendeurs et commence à donner des conférences sur sa façon de faire. C’est là que Google le démarche. Kevin rejoint l’entreprise californienne et continue de travailler en Australie.
Tant pis pour l’école de commerce, à Troyes. C’est le diplôme qui attendra, pas Kevin ! Pour lui, le moment est venu de monter « sa propre boîte ». C’est chose faite en 2012, sous le soleil varois cette fois-ci. Kevin songe d’abord à un réseau d’agences immobilières, puis s’aperçoit que le marché est déjà « poncé et reponcé par les concurrents ». Il lui faut du nouveau et c’est ainsi qu’il décide de vendre des visites virtuelles plutôt que des appartements.
« D’abord, les banques ont eu du mal à nous faire confiance. »
« Les banques ont eu du mal à nous faire confiance, le projet était trop novateur, la technologie encore inconnue. Mais on s’est accroché, on s’est formé, on a acheté le meilleur matériel, on s’est fait référencer chez Google pour bloquer des exclusivités de secteur… On n’a rien vendu pendant six mois, le temps d’acquérir les pré-requis techniques. Et ensuite, c’est parti ! »
La franchise comme véhicule de croissance
Le directeur de l’hôtel Best Western de Sainte-Maxime, également vice-président de l’enseigne – encore une rencontre-clef – leur mettra le pied à l’étrier en leur conseillant de voir beaucoup plus grand. Kevin propose aux hôteliers des solutions pour contourner les OTA – Booking et autres. VIP 360 devient une franchise en l’espace de trois mois, quittant Sainte-Maxime pour Sophia Antipolis afin de recruter des ingénieurs.
Les nouveaux besoins qui émergent avec la crise sont une opportunité pour le développement
Aujourd’hui, le groupe est bien établi. Les références s’accumulent et ne se limitent plus à l’hôtellerie : Nespresso, Orange, Parc Astérix, Leroy Merlin, Schneider Electric, Allianz, Avis, Ibis, Citroën, Harley Davidson, Nokia, Butagaz, Hyper U… Le chiffre d’affaires « double tous les ans. A vrai dire, on pensait le multiplier plutôt par dix, mais le marché devient mature plus doucement que prévu. »
Mais cette crise et son impact sur la mobilité peut s’avérer très profitable pour l’entreprise de Kevin.
Portrait réalisé en Avril 2020 et rédigé avec ♡ par Florence Boulenger.
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