« On ne se permet pas suffisamment de convoquer au sein de l’entreprise l’univers entier de choses que la littérature et les philosophies nous ont données. »
Liberté, vertige, philosophie : voilà des notions qui résonnent en Keyvan Nilforoushan. Le co-fondateur de Virgil, la start-up qui aide les particuliers à acheter leur résidence principale, aime convoquer la littérature et la philosophie dans son quotidien de chef d’entreprise. Ce mot d’ailleurs, « chef », quel sens a-t-il pour lui ? Dans ce nouvel épisode d’Instinct Collectif, Keyvan nous raconte sa quête d’être libre, d’être chez lui, pour ne jamais subir.
« Je ne suis pas jésuite, mais… »
Avec sa voix posée et sa manière détachée de citer les grands philosophes autant que les poètes persans, on sent bien que Keyvan est un puits de connaissances. S’il en est déjà à sa troisième entreprise, il s’interroge toujours sur la légitimité du chef. On l’imagine en effet plus proche du Dalaï Lama que de Steve Jobs. « Plus tu montes dans l’organigramme, plus tu es au service de ceux qui sont en dessous », déclare-t-il.
Pour Keyvan, le chef est là pour arbitrer quand c’est nécessaire mais doit laisser chacun libre de prendre ses décisions : « À chaque fois que tu utilises explicitement ton autorité, tu la dilues car tu dévalorises la personne à qui tu donnes un ordre. Le rôle du chef est de créer un alignement collectif sur la direction qu’on veut prendre dans l’entreprise. »
« Recherche magicien, H/F, CDI »
« Quand tu es obligé de payer énormément pour attirer, c’est pour compenser le fait que tu n’enseignes pas beaucoup. »
Keyvan l’expérimente chaque jour chez Virgil, le meilleur moyen de compter sur des équipes engagées est de leur laisser la place de grandir, d’apprendre et de s’épanouir. D’où les fiches de postes larges, voire cryptiques de prime abord…
Être chez soi, c’est être libre
Keyvan est fils de réfugiés iraniens, il sait ce que cela veut dire de chercher sa maison. En aidant les jeunes Parisiens à acquérir un appartement, sa mission entrepreneuriale prend tout son sens. « Être chez soi est le préalable essentiel à exercer sa liberté. L’Énéide et l’Odyssée parlent de cette quête : aller chez soi pour que la vie commence. »
Entreprendre, c’est pareil : construire pour être libre. Keyvan accepte d’échouer, de se tromper, mais pas de subir, et c’est pour cela qu’il crée.