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Sandra, Mer de lumière


Sandra Rey

« La luminescence dans la nature, elle a plein fonctions différentes, certains s’en serve pour attirer leurs proies, d’autres pour éloigner leurs prédateurs ». Elle est à la tête d’une entreprise qui utilise la bioluminescence pour changer la manière dont la lumière est produite et consommée. Si elle devait utiliser la luminescence pour elle-même, la fondatrice l’utiliserait pour se camoufler, se cacher des prédateurs. « Mes prédateurs à moi, ce sont les gens qui ne croient pas au projet. Je fais abstraction de ces gens-là, je n’ai pas besoin de les convaincre, avec des débats sans fin, je sais ce que je fais ».


C’est avec un ventre à nouveau bien arrondi que Sandra Rey se rappelle la naissance de son premier enfant, « ça faisait cinq ans que Glowee était lancée ». Certains entrepreneurs parlent de leur « bébé » pour désigner leur business. Sandra Rey, elle, a réussi à prendre du recul sur son expérience entrepreneuriale lorsqu’elle est devenue mère. Du recul, mais pas de désintérêt. Elle reste à des années-lumière de l’éventualité d’arrêter.


Prendre du recul grâce à la maternité


« Le fait d’être parents change vraiment la manière dont on appréhende sa vie d’entrepreneur »

Lorsqu’on demande si le fait d’avoir un enfant a changé sa manière d’appréhender son aventure entrepreneuriale avec Glowee, Sandra Rey répond instinctivement par l’affirmative. « Pendant cinq ans, j’ai vécu en me disant que si l’entreprise s’arrêtait, s’il n’y avait plus Glowee, la vie s’arrêtait. Et j’avais du mal à imaginer ce qui pouvait se passer ». Elle parle de prise de décision « lourde », à cause du sentiment de « jouer sa vie ». Le comble de la situation : c’est la veille d’une annonce de grosses difficultés financières aux équipes, que la future maman apprend sa grossesse. Un comble, car ce qui aurait pu l’effrayer, l’a plutôt aidé à être sereine. « Je me suis dit que certes, je vais donner tout ce que je peux pour sauver cette entreprise, mais en même temps, si ça s’arrête maintenant ou un jour, il y a un autre chose derrière ».

Elle comprend que « le fait d’être parents change vraiment la manière dont on appréhende sa vie d’entrepreneur ». Les responsabilités restent, voire s’intensifient parce qu’il faut nourrir une famille, mais dans l’esprit de Sandra Rey c’est aussi et surtout, une nouvelle aventure. « Ça m’a détendu de me dire que s’il y a un problème en entreprise, je vais tout faire pour le régler, mais même si ça crée, évidemment, des dommages collatéraux, la vie va continuer ».


Apprendre à se faire confiance


Au départ, Sandra Rey n’a pas « une sensibilité écologique très forte », ni « d’ambition entrepreneuriale », selon elle. « J’ai des occasions qui se sont présentées, j’ai vu une belle opportunité et j’ai su la saisir ». C’est suite à un concours lors de ses études que les prémices de Glowee naissent, grâce à un programme en laboratoire. « J‘avais dans l’esprit qu’en trois mois, j’allais avoir un produit industriel réplicable, ce n’est évidemment pas ce qui s’est passe, mais par contre j’ai tout de suite vu le potentiel ». Mais voir un potentiel et se lancer, ce n’est pas la même chose.


« J’ai eu plein de problèmes qui n’auraient pas dû arriver si je m’étais fait confiance »

« Je ne voulais pas le faire toute seule, je ne me sentais pas de le faire ». Elle s’est d’ailleurs acharnée à trouver des associés, « avec qui ça ne s’est pas toujours bien passé ».


« J’ai eu plein de problèmes qui n’auraient pas dû arriver si je m’étais fait confiance”. C’est quand elle assume qu’elle serait seule à porter la responsabilité de Glowee, « au sens juridique », qu’elle réalise qu’elle doit suivre son instinct. Un instinct qu’on peut imaginer plutôt efficace. Elle explique avec du recul : « je ne peux pas parler de regret, parce que j’ai pris les décisions qu’il fallait avec les éléments que j’avais en main”. Elle admet tout de même, « si je devais tout refaire depuis le début, je ne ferais pas pareil, mais avec le recul, je ne regrette pas ».


S’il y a une seule chose sur laquelle elle ne se fait toujours pas confiance, c’est pour embaucher.


Faire confiance aux autres : l’exercice du recrutement


Sandra Rey affirme qu’elle a eu tous les problèmes imaginables en entreprise. Et elle donne le ton : « premier recrutement, premier prud’homme ». Même si Glowee remporte le prud’homme, « il y a un sentiment d’injustice horrible, quand on essaye de faire bien ».


« C’est ce qui est compliqué avec l’humain, c’est que nous ne sommes jamais dans le même contexte quand on rencontre les gens »

Mais l’entrepreneuse donne l’impression de garder quelques réticences. « Il y a une règle en recrutement c’est quand il y a un doute, il n’y a pas de doute. Quand il y a un doute il ne faut pas se lancer ». Sa toute première erreur selon elle, est d’avoir priorisé les compétences par rapport au cote humain. « Finalement, c’est 50/50, les compétences peuvent s’apprendre, mais la personnalité quand ça ne passe pas, et bien ça ne passe pas ». Avec l’expérience, elle n’a toujours pas trouvé de recette magique pour réussir ses recrutements, « parfois quand il n’y a pas de doute, ça ne fonctionne pas non plus ». Et « c’est ça qui est complique avec l’humain, c’est que nous ne sommes jamais dans le même contexte quand on rencontre les gens ».


Lorsqu’on questionne Sandra Rey sur la qualité qui la définie au mieux, elle cite la résilience. Et cette résilience lui a appris à revoir ses attentes sur ses employés. « J’avais beaucoup trop d’attente auprès des gens, je m’attendais à ce qu’on s’implique autant que moi alors que ça ne sera jamais le cas ». Elle a conscience que dans son équipe, certains sont « très impliques », mais « ils ne le seront jamais à mon niveau, et c’est normal ».

Souvent déçue, elle a appris à lâcher prise auprès de ses équipes. « Et le lâcher prise c’est aussi être capable de déléguer, être capable de faire confiance. C’est ce que j’essaye de faire ».

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